Une motion anti-fascisme et anti-discriminations

Le Conseil communal de la Ville de Seraing vote une motion anti-fascisme et anti-discriminations.

En raison de la montée de l’extrême-droite de part et d’autre dans le monde, la Ville de Seraing a souhaité réagir et ce, afin d’éviter de reproduire les erreurs du passé.

C’est ainsi que les autorités communales ont proposé une motion anti-fascisme et anti-discriminations. L’objectif de celle-ci ? Mettre en exergue le fait que le territoire sérésien est et a toujours été considéré comme une terre d’accueil, de tolérance mais aussi d’immigration.

Il est important de rappeler que depuis les années 70, des dizaines de milliers de personnes ont quitté leur pays natal pour se rendre en Belgique – et pour certains d’entre eux à Seraing – dans le but d’y travailler. De nos jours, ces personnes ainsi que leur descendance (et toutes les personnes rejoignant notre pays encore de nos jours) font partie intégrante de notre société ; elles y contribuent économiquement, culturellement et socialement.

En parallèle, la Ville de Seraing est et doit rester un lieu où le vivre ensemble est une réalité et où la discrimination, la xénophobie, l’homophobie, le fascisme et le racisme n’ont pas leur place. Les derniers événements malheureux survenus à l’occasion de l’inauguration du passage pour piétons arc-en-ciel témoignent encore le caractère vivace de l’intolérance – dans le cas présent – liée aux questions de genre et d’orientation sexuelle.

Il était donc plus que temps d’intervenir. Lors de la séance du 30 mai 2023, le Conseil communal a ainsi voté le texte suivant :

« Le Conseil communal,

Vu les engagements européens et internationaux pris par la Belgique pour le respect des droits fondamentaux des personnes et en particulier des plus vulnérables : Déclaration universelle des droits humains, Convention européenne de sauvegarde des droits humains, Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne ;

Vu la loi du 10 mai 2007 tendant à lutter contre certaines formes de discrimination et Loi du 30 juillet 1981 tendant à réprimer certains actes inspirés par le racisme ou la xénophobie ;

Vu la loi du 23 mars 1995 tendant à réprimer la négation, la minimisation, la justification ou l’approbation du génocide commis par le régime national-socialiste allemand pendant la seconde guerre mondiale ;

Vu les dispositions du Code pénal punissant les délits de haine ;

Vu le Règlement général de Police adopté le 27 juin 2022, en particulier l’article 21 fixant les modalités d’autorisation des manifestations, réunions et des rassemblements sur la voie publique et/ou dans tous les lieux publics accessibles au public et l’article 22 fixant celles des manifestations, réunions et des rassemblements dans des lieux non habituellement accessibles au public pour ce genre d’activités ;

Vu les conclusions du Rapport de l’Inspection Générale de la Police ;

Vu la Charte de la Démocratie renouvelée par les partis se présentant aux élections dans l’espace francophone renouvelée le 8 mai 2022 ;

Vu l’adoption par le Conseil communal de la Ville de Seraing le 23 mai 2021 de la motion « Seraing, zone de liberté pour les personnes LGBTQIA+ » ;

Vu l’adoption par le Conseil communal de la Ville de Seraing le 21 mars 2022 de la motion « Ville de SERAING – Résolution condamnant l’agression de l’Ukraine par la Fédération Russie » ;

Considérant que la montée de l’extrême droite dans le monde, en Europe ainsi qu’en Belgique est un fait que nous ne pouvons nier. L’extrême droite dirige le gouvernement en Hongrie (depuis 2010), en Pologne (depuis 2015) et participe au gouvernement en Lettonie (depuis 2011) et en Slovaquie (depuis 2020). Lors des élections présidentielles françaises d’avril 2022, la candidate d’extrême droite a obtenu 42% des voix. Un parti post-fasciste eurosceptique est à la tête du gouvernement italien depuis octobre 2022. En Flandre, à quelques dizaines de kilomètres de chez nous, l’extrême droite récolte, quant à elle, près d’un quart des intentions de votes. Cette percée grandissante de partis prônant la haine et le rejet de l’autre ainsi que la division ne peut que nous alarmer sur leur capacité de mobilisation sur le sol wallon, jusque-là épargné ;

Considérant qu’historiquement l’agissement des mouvements d’extrême droite et leur politique a entraîné des conséquences catastrophiques sur la vie de millions de personnes. Il est urgent et indispensable d’empêcher toute tentative de restructuration et de développement de l’extrême droite, notamment en vue des élections de 2024 ;

Considérant que la ville de Seraing a toujours été considérée comme une terre d’accueil, de tolérance et aussi d’immigration. Rappelons notamment les dizaines de milliers de personnes venues travailler dans nos contrées depuis 70 ans (suite aux accords bilatéraux). De nos jours, ces personnes ainsi que leur descendance – et toutes les personnes rejoignant notre pays encore de nos jours – font partie intégrante de notre société. Elles y contribuent économiquement, culturellement et socialement. Elles soignent nos ainés, accueillent nos enfants… ;

Considérant nos citoyens d’honneur Paul Brusson, résistant et membre fondateur des « Territoires de la Mémoire », et Michel Kichka, dessinateur et auteur de la bande dessinée « Deuxième Génération » ;

Considérant que la Ville de Seraing est et doit rester une Ville où le vivre ensemble est une réalité. Une ville où le racisme, la xénophobie, l’homophobie, le fascisme et les extrémismes et populismes qui encouragent les discriminations et la violence n’ont pas leur place. Une ville où chacun amène sa pierre à l’édifice, quelles que soient sa couleur de peau, son origine ou sa religion ;

Considérant l’accroissement de messages haineux et/ou à caractère homophobe, transphobe ou biphobe sur les différents réseaux sociaux de la Ville de Seraing et de ses élus, particulièrement à la suite de la mise en place des nouveaux passages pour piéton arc-en-ciel ;

Considérant que des événements similaires se sont passés dans les communes avoisinantes – notamment à Neupré – témoignant malheureusement ainsi du caractère encore vivace de l’intolérance liée aux questions de genre et d’orientation sexuelle ;

Considérant que ces événements démontrent la nécessité de pouvoir intervenir rapidement en cas de rassemblement et de nouvelles dérives liées au fascisme, aux extrémismes et populismes qui encouragent les discriminations et la violence;

Sur proposition du Groupe PS de Seraing, adaptant la proposition du groupe PS de Charleroi datant du 23 janvier 2023 : « Motion « Charleroi, ville antifasciste » de la Coalition antifasciste de Charleroi proposée par le Groupe PS » ;

Décide :

Article 1 : d’empêcher par tous les moyens légaux la diffusion de propos incitant à la haine, au racisme, à l’antisémitisme, au sexisme, à la discrimination relative à l’orientation sexuelle, ouvertement fasciste et xénophobe, sur le territoire de Seraing.

Article 2 : d’inviter les services compétents à prendre en considération tous les signaux d’incitation à la haine, au racisme, à l’antisémitisme, au sexisme, ouvertement fasciste et xénophobe et engager, tout en respectant le cadre juridique national, régional et communal, toute procédure administrative et judiciaire possible pour empêcher la diffusion de ces propos sur le territoire de Seraing.

Article 3 : d’inviter les membres de la coalition antifasciste, à chaque fois qu’ils en ont l’information, de relayer celle-ci lorsqu’elle concerne un événement susceptible d’inciter à la haine, au racisme, à l’antisémitisme, au sexisme, à la discrimination relative à l’orientation sexuelle, ouvertement fasciste et xénophobe, sur le territoire de Seraing.

Article 3 bis : d’inviter le Bourgmestre et les services compétents à prendre un arrêté motivé en autorisant ou interdisant l’événement.

Article 4 : de soutenir et de promouvoir les initiatives prises par les membres de la coalition antifasciste et de la société civile dans le cadre du devoir de mémoire de la résistance face à l’Allemagne nazie, au fascisme, à l’extrême droite et aux extrémismes et populismes qui encouragent les discriminations et la violence.

Article 5 : de sensibiliser et d’impliquer la jeunesse sérésienne, via des projets dans les écoles où la commune est le pouvoir organisateur, aux dangers liés au fascisme, aux extrémismes et populismes qui encouragent les discriminations et la violence ainsi qu’à l’histoire des migrations afin de promouvoir le vivre ensemble.

Article 6 : d’insister à nouveau auprès des autorités formatives sur le caractère essentiel dans la formation des policiers et autres fonctionnaires de l’exercice en toutes circonstances de leurs fonctions de manière juste et égalitaire, vis-à-vis de tous les citoyens, sans discrimination d’origine, de genre, de classe…

Article 7 : de soutenir, promouvoir et communiquer les actions de la coalition antifasciste visant à faire de Seraing une ville antifasciste. »